Amasser ou avancer
En fait j’avance en amassant. Je commence par le nombre sans réfléchir, ensuite au fur et à mesure que j’avance dans la connaissance du sujet, ma recherche va s’orienter vers des objets de plus en plus rares. Puis à l’intérieur de cette collection, je vais travailler des thèmes comme l’accumulation, l’exhaustivité d’un modèle, la matière, la couleur…
« J’éprouve un réel plaisir à vivre au milieu de mes robots et à les regarder chaque fois que je passe devant ! C’est un peu hors norme comme cadre de vie, mais ma famille le vit très bien et je n’aime pas me contenter de la simple réalité. Dans la vie je préfère aussi les gens un peu « hors normes ». »
Une dernière question : « imaginez-vous que vous puissiez changer de collection » ?
- « Non je veux continuer, j’éprouve la même émotion, le même plaisir que devant mes premiers robots, je n’ai aucune raison de m’arrêter. En trente ans ma collection est devenue une partie de ma vie, elle représente mon parcours de vie, mes amis, je veux continuer de vivre avec ».
A la fin des années 70, j’ai commencé à collectionner les robots. Je me suis rendu compte que mes choix étaient toujours liés à la forme et à l’esthétique de l’objet avant que je ne sois préoccupé par son sens ou sa fonction. En 1978, quand mon fils est arrivé, la maison était déjà envahie de robots. J’ai passé beaucoup de temps à lui faire comprendre que c’étaient des jouets avec lesquels on ne joue pas. Plus tard il est devenu un des complices de ma collecte, il ne peut pas se trouver devant un robot sans penser à moi et vouloir me l’offrir ! Ce peut être une bouteille de shampooing trouvée au fin fond des Etats-Unis, une publicité ou un robot japonais rarissime. Du reste une grande partie de ma collection est faite de souvenirs amicaux ou d’échanges avec des artistes : -« Je l’ai fait pour toi », « j’ai pensé à toi » précèdent souvent l’installation d’un robot ! Moi j’écume les vides- greniers les plus reculés pour, comme lors d’une chasse aux trésors, tomber sur la pièce rare et fabuleuse. Ma recherche peut ressembler à la cueillette des champignons, elle a un côté un peu enfantin qui m’est agréable.
Pour échapper à la violence et à l’ennui du quotidien, Avesque conserve ce regard d’enfant qui remodèle le réel pour mieux le distancer et l’apprivoiser. Naïfs, son trait, ses nuances se déclinent par la récupération, sacs en papier chiffonnés, objets jetés intégrés dans ses sculptures, fétiches éclatants et malicieux. L’ensemble déconcerte et amuse, demande à être scruté, sans fin, propose au spectateur d’inventer l’histoire de chaque personnage représenté.